Pour la plupart des logiciels de gestion, dont VetoPartner que nous utilisons, avoir un serveur — c'est-à-dire une machine principale qui met à disposition des services auxquels on accède via des postes de travail — est obligatoire. J'ai présenté dans une autre page la machine que nous avons récemment achetée, en remplacement de celle que nous avions depuis 5 ans. Avoir une machine isolée dans une baie de brassage ou une zone dédiée (donc sans écran et administrée via le réseau), est idéal mais pas nécessaire : elle peut s'utiliser en poste de travail et donc avoir le double rôle de serveur et de client. C'est d'ailleurs ce que nous faisions avant. Je vais expliquer ici la raison pour laquelle nous avons fait ce changement, car il n'est pas seulement lié à l'âge de la machine.
Nous avions acheté un Asus à 500€HT en 2017 à la FNAC, ce qui équivaut à 540€HT en 2022. En plus d'être vendu avec un clavier et une souris, il présentait les caractéristiques suivantes :
Des caractéristiques plutôt vendeuses sur le papier, et tout à fait respectables — en apparence du moins — pour le prix. Or il s'est avéré que la carte réseau délivrait un débit largement inférieur au 1000 Mbps prétendus, et même si le CPU supportait bien la charge, la carte réseau ne suivait pas : microcoupures, latences (QoS foireuse), etc...
J'ai donc voulu ajouter une carte réseau interne, sauf que la CM ne disposait que d'un seul bus PCIe sur lequel était déjà raccordé la carte graphique. N'ayant pas de besoins graphiques élevés, j'ai décidé d'utiliser le GPU intégré, de retirer la carte graphique et de la remplacer par une carte Ethernet :
Par contre, adieu à toute modularité future... Hormis un port mini-PCIe ne permettant presque rien d'autre qu'un module Wi-Fi, plus aucun connecteur PCI n'est libre.
J'en ai profité pour vérifier les autres composants. L'alimentation était une Advance qui n'est ni plus ni moins qu'une marque très bas de gamme. Je l'ai échangée contre du matériel plus fiable.
La lenteur au démarrage est elle aussi devenue un problème. Rien de pire qu'un matin où l'on est pressé et où il faut attendre que le serveur démarre, sans lequel aucun poste ne peut ouvrir VetoPartner. J'ai opté pour le remplacement du HDD 3,5" par un SSD SATA format 2,5". J'ai cloné l'ancien disque sur le nouveau grâce à Clonezilla. Le gain a été considérable.
A titre de comparaison, voici un PC Dell SFF de la même année acheté 450€HT, certes équipé d'un CPU Intel i3 et de seulement 4Go de RAM DDR4, sans clavier ni souris, mais qui comporte 2 bus PCIe, 4 slots RAM, une sortie écran DP, et même un connecteur M.2 compatible NVMe sur lequel j'ai pu connecter un SSD, offrant des performances bien supérieures :
Un serveur est un des éléments clés d'une clinique vétérinaire. A mon avis, même pour une structure débutante, c'est une erreur de mégoter sur sa qualité. Un serveur peut paraître suffisant à l'usage de départ, mais on peut se faire dépasser par la vitesse de croissance de sa structure, et la machine ne suit plus.
De ces réflexions et problèmes, j'ai tiré quelques leçons :
Avant, je pensais qu'une tour vendue avec l'étiquette "serveur" était avant tout un outil marketing pour vendre une machine qui fait plus "pro" ou plus "geek", et que ce n'était rien d'autre qu'un PC classique légèrement adapté. J'ai changé mon fusil d'épaule. Je pense que les constructeurs de serveurs dignes de ce nom (je liste mes favoris ci-dessous) créent une plus-value significative sur cette gamme de produit. C'est du matériel adapté aux charges élevées, avec un BIOS spécifique, une modularité confortable, et une stabilité éprouvée : ils sont pensés pour tourner H24. Un autre exemple (amusant) me vient à l'esprit : qui n'a jamais pesté sur l'extinction inopinée d'un pied mal placé venant heurter le bouton d'alimentation en façade ? Certes, on peut modifier l'action du bouton d'alimentation dans les options d'alimentation de Windows... mais Dell y a pensé et a prévu sur ses serveurs tour un tout petit bouton affleurant :
Les 4 marques pour professionnels les plus connues sont :
Il en existe bien sûr d'autres, à chacun de se faire son idée, mais il vaut mieux ne pas faire confiance aux PC du commerce tout-venant. Cela convient peut-être à certains usages, mais le serveur d'une clinique vétérinaire — les autres machines aussi, mais elles posent moins de problèmes d'organisation en cas de panne — sera très sollicité. Bien le choisir évite beaucoup de tracas.
D'ailleurs, d'une manière générale, je trouve utile d'homogénéiser son parc avec la même marque, dans la mesure du possible. Cela évite par exemple d'avoir une myriade de BIOS différents où on ne sait jamais sur quelle touche appuyer, et où on ne se souvient plus des différents menus. Pour le matériel aussi ça peut être pratique (même si toutes les pièces ne sont pas toujours compatibles) : échanges de barrettes RAM, de lecteurs CD, etc. Par exemple, Dell est friand de ces petits supports bleus pour fixer les HDD :
Une alternative que je trouve très intéressante est celle du marché de l'occasion. Je ne le recommanderais pas vraiment pour un serveur (si le budget l'oblige, cela peut se réfléchir), mais plutôt pour les postes clients. Il existe pleins de revendeurs, mais j'aime bien plusdepc.com qui propose parfois des offres très intéressantes. Il faut malgré tout se méfier de certaines offres, le prix pouvant varier selon l'état de la machine, la quantité d'arrivage (qui est très fluctuante dans le marché de l'occasion), s'il y a un SSD ou non, etc.
Je reste néanmoins convaincu qu'à puissance et équipement équivalents, un bon serveur pour usage professionnel, même d'occasion, restera toujours bien mieux qu'un PC neuf du commerce.
C'est difficile de dire LE serveur à acheter, mais pour une clinique de 10 postes max avec 5 personnes max en simultané, je dirais :
Il y a donc un prix plancher que j'estime à 800€ HT pour 2022, incluant 2 HDD 3,5" et 1 SSD. Il est bien sûr possible de faire moins, aux dépens des performances.